Intervention du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme

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Intervention du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme

 

Rencontre des Partis communistes et ouvriers de Sao Paulo.

 

Novembre 2008

 

La crise dans laquelle vient d’entrer le système capitaliste à l’échelle mondiale va sans aucun doute être un facteur d’aiguisement des luttes de classe, d’accélération des processus de prises de conscience parmi les travailleurs et au sein de la jeunesse et aussi d’exacerbation des contradictions interimpérialistes, comme au sein des alliances entre la grande bourgeoisie et les couches moyennes, d’accumulation de dangers supplémentaires de guerres et de conflits à différentes échelles.

 

 

Nous entrons certainement dans une nouvelle phase de la décomposition du capitalisme. Cette phase sera pleine de prémisses favorables à la montée du mouvement ouvrier révolutionnaire mais aussi de périls avec la tendance inévitable au recours de la bourgeoisie monopoliste aux méthodes autoritaires et ouvertement dictatoriales pour étouffer ce mouvement. Il faut s’attendre à ce que des secteurs de la grande bourgeoisie américaine tentent de maintenir par la force leur suprématie sur les autres pays capitalistes rivaux et substituent des méthodes musclées ou guerrières au dialogue et aux compromis intercapitalistes pratiqués à travers les institutions internationales mises en place après la 2ème guerre mondiale.

 

D’ores et déjà l’idéologie bourgeoise est brutalement ébranlée. Les doctrines de l’ultralibéralisme, de désengagement de l’Etat de la sphère économique, sont en pleine déroute. Effrayés par l’amplification de la crise les Etats bourgeois sont massivement intervenus dans la sphère financière jetant par-dessus bord les principes trompeurs du désengagement. Bien entendu les Etats bourgeois ne se sont jamais désengagés de la protection des intérêts des capitalistes, notamment de ceux de l’oligarchie militaro-financière. L’ultralibéralisme a été la réponse aux tendances à la baisse du taux de profit apparues dans les années 1970. Il a servi de couverture idéologique à la remise en cause des concessions que la bourgeoisie avait été obligée de faire aux travailleurs en particulier après la constitution d’un vaste système socialiste et la formation de partis communistes influents à l’intérieur des citadelles du capitalisme. Il a consisté à casser les acquis des luttes ouvrières, à créer un espace sans barrière pour le déplacement des capitaux des multinationales et le rapatriement sans entrave ni contrôle de leurs profits, à imposer aux pays pris dans le filet du capital financier le renoncement à toute politique économique de développement souverain. Il a servi à justifier le transfert de pans entiers de l’industrie vers les pays où les salaires sont maintenus à de bas niveaux grâce à l’absence de syndicats et de protection sociale ou vers des Etats qui, pour surmonter leurs retards économiques et construire leurs propres systèmes productifs nationaux, ont accepté les conditions des multinationales.

 

Le système capitaliste a joui d’un répit passager grâce aux délocalisations industrielles qui ont permis de réduire le coût de la force de travail, à la destruction du système socialiste qui a créé un vaste marché pour les bourgeoisies impérialistes - en contrepartie cependant d’un endettement inouï de certains anciens pays socialistes - au pompage des plus-values nationales de nombreux pays par le truchement de la dette.

 

Les attaques contre les acquis des travailleurs, la chute de leur part dans la répartition des revenus, alors que la productivité du travail a partout augmenté, le pillage des richesses des peuples, sont des processus inhérents aux contradictions insurmontables du capitalisme. Ces contradictions sont au fond la cause fondamentale de cette nouvelle crise.

 

Les mesures d’urgence prises par les Etats capitalistes pour sauver leur système peuvent pendant un court laps de temps retarder le passage à une nouvelle étape dans le développement de la crise. Mais elles ne permettront pas de l’éviter.

 

Comme le montrait Marx, les barrières au développement du capitalisme sont les rapports capitalistes de production et la propriété capitaliste elle-même. Les solutions qui lui permettent de surmonter momentanément ses crises de surproduction préparent des crises encore plus grandes et à une échelle plus vaste.

 

L’addition à payer par les travailleurs et les masses populaires, ainsi que par de larges catégories des couches moyennes sera lourde. Impôts nouveaux et inflation mondialisée, avec une flambée sans précédent du prix des produits alimentaires de base, menaçant de mort des centaines de millions d’hommes dans le monde, accompagnent un processus sans précédent de fusions et de  concentrations du capital. Pour forcer les travailleurs à se résigner et extorquer d’eux encore plus de plus-values, la bourgeoisie se livre au chantage à la faillite du système bancaire. Elle brandit la menace de fermeture d’usines et de volatilisation de l’épargne de la petite-bourgeoisie si les masses n’acceptent pas ses “solutions”. Elle en appelle à une sorte d’union sacrée face à la crise et s’appuie pour cela sur la complicité de la social-démocratie et des dirigeants syndicaux qui pratiquent la collaboration de classe. Elle profite des reculs du mouvement ouvrier pour liquider les derniers secteurs économiques et sociaux appartenant encore à l’Etat en les livrant aux multinationales avides de surprofits que le monopole sur les services publics - gaz, électricité, poste, transport - va leur garantir. Au moment où de larges fractions des peuples voient leur pouvoir d’achat diminuer et sombrent peu à peu dans le dénuement, la bourgeoisie s’enrichit de façon scandaleuse. Sous couvert de stimuler la relance économique elle diminue les impôts qui frappent les plus riches. La bourgeoisie impérialiste va chercher à faire supporter les effets de la crise sur les détachements de travailleurs les moins organisés en particulier dans les pays d’Asie et d’Afrique.

 

Nous sommes certainement au seuil d’un nouvel éveil des luttes prolétariennes contre l’hégémonie de la bourgeoisie monopoliste. La crise porte en elle le danger de malheurs indicibles pour les travailleurs et les peuples mais aussi les germes d’une montée d’autant plus grande du mouvement ouvrier et des mouvements populaires antiimpérialistes que l’internationalisation du capital de ces dernières décennies a créé un vaste prolétariat mondial, plus nombreux qu’en 1917. Ce prolétariat nouveau et jeune commence à acquérir le sentiment que ses différents détachements nationaux sont exploités par la même classe quelles que soient sa langue et sa religion. C’est une grande armée au potentiel révolutionnaire incontestable qui s’est créée à l’échelle internationale.

 

La crise conduit à la remise en cause des petits privilèges concédés par la grande bourgeoisie aux couches moyennes. Elle provoquera des tensions dans les rapports avec les capitalistes des pays dits “émergents”.

 

Il nous appartient de mener un travail politique et idéologique intense pour démystifier les plans de sauvetage échafaudés par les USA, l’UE, le G20, dévoiler auprès des masses leur véritable contenu de classe, montrer qu’ils ne visent pour les capitalistes qu’à accumuler plus de richesses et à appauvrir plus les pauvres. Les nationalisations de banques ne sont que de vastes escroqueries couvrant la socialisation des pertes des gros actionnaires sur le dos des travailleurs et des salariés. Nos mots d’ordre doivent démasquer de but de ces opérations, canaliser le mécontentement légitime vers la lutte pour abattre le système capitaliste, dissiper les illusions sociales-démocrates ou centristes sur les prétendues vertus d’un retour à la régulation d’inspiration keynésienne. Nous devons combattre les opérations idéologiques qui tendent à dissocier le capitalisme dit “financier” du secteur de la “production réelle”. Les renégats, les “repentis” du socialisme, les liquidateurs veulent faire croire qu’il est possible de remédier à la crise du capitalisme en se contentant de serrer la vis aux spéculateurs et de réguler l’économie en réorientant le crédit bancaire en faveur de la production. Ces thèmes peuvent être utilisés à des “fins pédagogiques” par les communistes pour isoler les oligarchies financières dans l’opinion, pour contribuer au développement de mouvements de masse même autour de tâches limitées. Mais il s’agit pour nous de montrer ce qu’un pouvoir révolutionnaire ferait pour que les forces productives soient mises au service des créateurs de richesses une fois qu’elles seront socialisées. Ces “analyses” prétendument réalistes conduisent à retarder la prise de conscience des travailleurs, à ligoter dans une “camisole de force” leur potentiel de lutte radicale contre la bourgeoisie, à accorder un sursis aux exploiteurs pour une durée indéfinie. D’autres encore qui se prétendent “marxistes” cherchent à renvoyer à une échéance indéterminée le combat pour l’abolition du capitalisme en mettant en avant l’idée  ridicule mais paralysante que “cette crise n’est sans doute pas la crise finale”.

 

La crise qui vient d’éclater crée la possibilité matérielle pour que les jeunes travailleurs qui ont subi durant des années le matraquage idéologique de la bourgeoisie asséné par les école, les médias et les organisations religieuses, se libèrent dans les luttes du poids de la criminalisation du communisme, fassent leur expérience de la lutte des classes, découvrent ce que leurs pères avaient découvert sur la nécessité du parti communiste, de syndicats de classe, de la lutte pour le socialisme, pour la conquête du pouvoir, la socialisation des grands moyens de production. Cela nous impose des devoirs politiques et idéologiques pressants pour aider la jeunesse à se préparer à la tâche du renversement de l’ordre capitaliste. Nous devons allier la fermeté dans la réaffirmation de nos principes et objectifs à la souplesse dans la formulation de mots d’ordre tactiques transitoires, adaptées aux réalités et aux niveaux de conscience des exploités et des opprimés, notamment dans les pays où les préjugés religieux sont exploités pour bloquer ou retarder le développement de la conscience de classe des travailleurs.

 

Dans la plupart des pays capitalistes la question fondamentale est la préparation des conditions subjectives pour aller à la révolution socialiste. L’humanité ne peut attendre. Le capitalisme accumule de lourds dangers de destruction de la planète et de l’espèce humaine. Il s’agit pour nous de réfléchir aux mots d’ordre qui mobilisent la classe ouvrière et les exploités du monde entier autour de la nécessité d’abolir le régime capitaliste, d’entraîner autour d’elles de larges catégories, qui sans être pour le socialisme, ne veulent plus de la domination des oligarchies capitalistes.

 

En Algérie, la bourgeoisie bureaucratico-compradore s’emploie à minimiser les répercussions de cette crise. Le tableau économique se caractérise par une aisance artificielle due uniquement à la hausse des revenus procurés par l’exportation des hydrocarbures et à leur dilapidation dans des importations massives de biens de consommation au profit exclusif des classes dominantes privilégiées. En réalité, l’Algérie se débat depuis plus de 20 ans dans une crise structurelle profonde provoquée par la rupture avec les orientations progressistes des années 1960-1970. L’appareil productif national moderne mis en place à cette époque a été aux 2 tiers détruits. L’agriculture stagne. Les importations ont évincé la production nationale sous la pression d’une bourgeoisie compradore qui a trahi les intérêts nationaux en s’alliant à l’impérialisme et aux monarchies rétrogrades du Golfe.  Cette aile marchante de la bourgeoisie a été soutenue par les notables des féodalités durement touchées dans les années 1970. Elle a également bénéficié de la complicité des secteurs embryonnaires de la bourgeoisie industrielle qui voyaient dans le secteur public une barrière à leur expansion et cherchaient à se connecter directement aux multinationales. Aujourd’hui ces mêmes secteurs se plaignent de l’absence de protection nationale. La situation de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre s’est gravement détériorée par suite de la liquidation de centaines d’entreprise publiques et de licenciements massifs. Les travailleurs employés dans le secteur privé ne bénéficient d’aucun droit. Les syndicats n’y sont pas tolérés. L’Algérie est devenue un comptoir commercial favorisant le déversement des excédents des marchandises des autres pays capitalistes. Une chute durable du prix du pétrole provoquera des effets encore plus catastrophiques sur les masses. Les classes dominantes se sont mises à l’abri. Elles se sont emparées des meilleures terres, des infrastructures des entreprises publiques privatisées. Elles ont détourné une bonne part des revenus pétroliers qu’elles ont convertis en biens immobiliers en France et ailleurs.

 

Cette bourgeoisie bureaucratico-compradore exerce sa dictature sous une démocratie de façade en combinant la répression policière et l’instrumentalisation de la religion pour étouffer la formation d’un mouvement ouvrier indépendant et même de partis démocratiques petits-bourgeois en désaccord avec elle.

 

Les communistes algériens s'attellent jour après jour à la réalisation de leurs objectifs en déployant toute leur énergie pour construire un parti d'avant-garde marxiste-léniniste capable d'impulser et d'orienter de vastes rassemblements populaires à la base qui conduiront à des changements politiques, économiques et sociaux radicaux.

 

 

 

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