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27/11/08 | Ana Podgornik

La présence d’un parti communiste non réformé au parlement national ne jouerait aucun rôle sur le succès de la transition d’un pays comme la République tchèque. C’est ce que révèle l’analyse des résultats d'une étude faite par une fondation allemande.



AVANT-APRES. Affiche du musée du communisme de Prague (à gauche) ; Logo de l'actuel Parti communiste de Bohème et de Moravie (à droite).

 

"La fraction parlementaire du parti communiste tchèque n’a pas d’influence négative sur la transition de l’État", admet Stanislav Balík, qui enseigne la période communiste tchèque à l’université Masaryk de Brno. En effet, l'index de transition de la fondation allemande Bertelsmann, publié en février dernier, place la République tchèque à la première place sur 125 pays en mutation.

Et ce, bien que le parti communiste, le KSČM (Parti communiste de Bohème et de Moravie)ne se soit pas réformé. "Les partis communistes dans les autres anciens satellites de l’Union soviétique ont disparu ou sont devenus de nouveaux partis pro-démocratie", explique l'historien. En revanche, les communistes tchèques prônent toujours la nationalisation des grandes entreprises, un solide système social ainsi qu'une politique résolument anti-européenne et anti-atlantiste.

Troisième formation politique

"L’influence des communistes est plus forte à l'échelon local, précise Stanislav Balík. Ils siègent dans les conseils locaux et certains sont même maires de petits villages. L’Union de la jeunesse communiste (KSM), ainsi que plusieurs organisations de femmes communistes, ont une certaine importance dans le paysage politique". Le parti est ainsi la troisième formation au parlement et détient le record de membres avec ses 88 000 adhérents. "Cependant, le nombre d'adhésion est en chute libre", ajoute-t-il.

L’activité politique du KSČM dans le système démocratique soulève bien des critiques de la société civile. Pour Jan Typlt, un étudiant en relations internationales de 25 ans, "les communistes tchèques sont hypocrites. Ils coopèrent à un système qu’ils n’approuvent pas". Il critique surtout le système tchèque en lui-même, qui "ne possède aucun outil qui puisse empêcher les vieux communistes de participer à la vie politique". 

Une propagande inconstitutionnelle 

Les récents événements autour du KSM prouvent pourtant le contraire. "Le tribunal de Prague a déclaré inconstitutionnel le KSM en raison de la propagande anti-propriété privée de leur magazine Mladá Pravda et de leur programme", explique Stanislav Balík pour qui " KSČM et KSM, c'est le même combat. Il est ridicule que l'un puisse exister et l'autre non". Mais le parti communiste, lui, a montré plus de retenue dans son programme électoral.

Les experts tchèques estiment que le pays ne devrait plus être inclus dans la liste de la fondation Bertelsmann. L'historien explique que le pays, "a franchi l'étape de la transition. Les problèmes auxquels nous devons faire face aujourd'hui sont la corruption et le faible niveau de culture politique, c'est à dire les mêmes problèmes que ceux des démocraties consolidées". 

 

Traduction : Marie Deblonde

Rédacteur :
Ana Podgornik, Brno République Tchèque

Publié dans Union Européenne

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