Débat autour de la burqua- André Gérin

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Il nous a semblé interessant de vous soumettre les contributions de communistes sur le débat français de l'interdiction de la burqua. Vous trouverez ici un article des communistes de Venissieux, de Paris 15eme et de nouveau des communistes de Venissieux


Ce qui unit les communistes
lundi 4 janvier 2010
par pam


La question du parti communiste, de sa mort annoncée à maintes reprises à la surprise répétée de son maintien dans le paysage politique, est d’abord la question des communistes, de leur capacité à tirer les leçons du passé. Si beaucoup de militants ont quitté le parti, certains croyant aux sirènes des nouveautés, d’autres se détournant de l’action politique, quelques uns tentant de reconstruire un (autre) parti communiste... de nombreux communistes qui restent au PCF ont montré à l’occasion des derniers congrès qu’ils tenaient à leur parti, à un parti communiste, et les critiques ne manquent pas sur les stratégies successives de la direction nationale, de la mutation aux collectifs anti-libéraux, puis au front de gauche.

Les derniers échos des négociations montrent que (malheureusement pour ceux qui y croyaient), le Front de gauche patauge dans les mêmes errements que les collectifs anti-libéraux, Mélanchon, l’oeil rivé sur les prochaines présidentielles terminant même l’année 2009 sur son blog en affirmant que les Verts sont le cœur de l’autre gauche qu’il rêve de fédérer...

Et pourtant, les efforts de convergence des communistes attachés à "faire vivre et renforcer le PCF" ne semble pas donner de résultat probant, malgré les 40% d’adhérents en opposition à l’orientation de la direction nationale.

Le dernier article de l’année 2009 sur le site de la section de Paris 15ème vient illustrer ce qui semble en première analyse un échec. Cet article qui s’appuie sur des désaccords connus sur l’action du député communiste André Gerin concernant la burka se présente sous le titre"Ou va André Gerin, notre désaccord total avec ses positions".

Nous avons déjà argumenté sur la question de la burqa dans un précédent article sur les leçons politiques des réactions à l’initiative de Gerin, et rien ne nous fait changer d’avis sur le fonds, surtout pas les péripéties politiciennes des députés UMP.

Mais l’article exprimant son désaccord, non seulement avec la question de la burka, mais plus globalement en jugeant "ou va André Gerin ?", il choisit d’exprimer une opposition d’orientation fondamentale.

Le message est sans équivoque pour tous les communistes opposés à l’orientation de la direction nationale. Non seulement, il faut se méfier de Gerin, non seulement, il ne faut pas le suivre, mais il faut le dénoncer, et refuser donc de se rassembler avec lui dans la construction d’une alternative à la direction actuelle du PCF.

Ce pourrait n’être qu’une question de personne, ou même peut-être qu’une question assez classique des éternelles chamailleries que les communistes critiquaient chez les gauchistes quand ils les considéraient comme groupusculaires.

Mais cet article pose une question de fonds. Quand il y a des différends entre communistes cherchant à "faire vivre et renforcer le PCF", comment évoquer ces différences en toute franchise, tout en continuant à construire pas à pas l’unité de ces communistes ?

Cette question de la burka, dont Paris XV considère qu’elle n’est pas pertinente dans nos batailles militantes pour justifier qu’un député communiste s’en empare, semble par contre suffisamment importante pour exprimer des désaccords, et à partir de cette question, de les élargir aux discours de Gerin sur l’immigration, le capitalisme industriel ou sa présence au meeting du POI contre les licenciements.

Si on veut dire (ce que certains font sans hésiter, notamment un chaud partisan de la disparition du PCF, Patrick Braouzec) que Gerin serait un "rouge brun" dangereux, politiquement proche de Sarkozy, alors il faut aller au bout, lancer un appel aux communistes pour se désolidariser de ce député dangereux pour les luttes de classes, et annoncer clairement qu’on ne fera pas d’union avec lui pour les prochains congrès du parti.

Ce n’est pas ce que dit l’article, mais c’est la conclusion naturelle que certains en tirent, comme le montre d’ailleurs les commentaires qui peuvent par exemple faire l’éloge de Tarik Ramadan, conservateur religieux affirmé, ou dire clairement que Gerin serait raciste. La conséquence est sans équivoque. Il faut couper les ponts avec les soutiens de André Gerin, donc avec les communistes de Vénissieux.

Car évidemment, à Vénissieux, nous savons que Gerin n’est ni raciste, ni proche politiquement de Sarkozy, parce que nous connaissons son action quotidienne, ses batailles incessantes avec le monde du travail, les quartiers populaires, son travail pour construire une équipe d’élus à l’image de la diversité d’origines de la ville de Vénissieux, et nous étions nombreux et solidaires lors du dernier conseil municipal où le Front National avait rameuté des troupes pour exiger la destruction d’une mosquée, écouter Gerin dire pourquoi il a agit pour que l’Islam prenne sa place dans la république et la laicité.

Bref, nous sommes preneur d’un débat franc, mais pour être plus efficace, plus fort, donc à la fin plus unis, et nous ne pouvons considérer que comme dangereuses, les expressions qui ne se soucient pas de cet objectif essentiel pour les communistes.

Pour ne pas faire une fixation sur cet article, prenons une autre question qui divise les communistes cherchant à "faire vivre et renforcer le PCF", le Front de Gauche". Là, Vénissieux et Parix XV sont d’accord sans ambiguité, alors que d’autres, par exemple les camarades de l’Hérault, se sont au contraire engagé fortement dans le Front de Gauche, en considérant que ça aiderait le parti communiste à se dégager de la tutelle du PS représentée dans cette région par la soumission de Gayssaut à Frêche.

Pour nous, ces camarades qui pensent que le Front de Gauche peut être une voie de reconstruction d’un parti communiste se trompent totalement. Pourtant, nous n’écrirons pas d’article dénonçant leur position, même si nous en discutons à l’occasion en toute franchise avec eux. Nous exprimons bien évidemment nos positions sur le sujet, et nous allons devoir y revenir si les négociations avec le PG évoluent comme celles des collectifs anti-libéraux, ce que semble indiquer le dernier billet de Mélanchon sur son blog

Bref, comment faire si nous avons des différentes d’analyses telles qu’elles nous conduisent à des attitudes politiques qui peuvent être totalement opposées, certains préférant une liste avec le PS plutôt qu’avec des trotskystes, d’autres au contraire acceptant toute force "radicale"’, fut-elle anti-parti-communiste pour se dégager du PS pendant que d’autres encore mènent une campagne communiste en cherchant à renforcer l’organisation du PCF (comme le fait le Nord-Pas de Calais) ?

Si tout le monde comprend bien qu’une part importante de ces différentes positions est lié à la situation politique de chacun, on ne peut se contenter d’une analyse à géométrie variable comme le propose la direction du PCF par ailleurs. Au contraire, il y a une question centrale qui est le bien commun de tous les communistes, dans la grande diversité de leur situation, celle des intérêts que nous défendons, ceux du monde du travail, des quartiers populaires, des prolétaires. Ce qui nous guide dans l’action quotidienne, comme dans l’effort d’analyse, c’est la réalité des luttes de classes auxquelles nous sommes tous confrontés. Et de ce point de vue, notre unité est d’abord et avant tout celle de l’effort politique dans ces luttes de classe. Et nos désaccords ne doivent jamais prendre le pas sur cette réalité première. Nous sommes, indépendamment de notre propre volonté, du même coté de la barricade, et chaque fois que nous l’oublions et que nous discutons comme si nous étions dans un amphithéâtre ou un club de discussion, prenant une citation de l’un d’entre nous en la sortant de son contexte, sans chercher à comprendre pourquoi elle a été faite, nous nous affaiblissons collectivement. Aucune idée n’est juste ou fausse "en l’air", accrochée au tableau ou citée dans un article. Elle n’a de vérité que dans son rapport à l’action, dans son rôle avec les luttes sociales dans leur réalité concrète, portée par des êtres humains. Comme le fait dire Brecht à Lénine "idée, qui sers-tu ?"

C’est d’ailleurs ce que révèle les limites des campagnes médiatiques quels que soient les moyens énormes qu’elles peuvent mobiliser. La deuxième victoire de Bush illustre ce décalage entre les idées justes mises en scène par Michael Moore sous des formes pourtant fortes et modernes, et leur capacité à être portées par des hommes et des femmes dans la violence des luttes de classes qui les marquent. La distance entre des forces militantes anticapitalistes souvent radicales, notamment de jeunes, qui portent une grande attention aux symboles et aux mots, et la réalité vécue dans le monde du travail et les quartiers populaires, est à l’origine de bien des désillusions, et une des sources du gauchisme.

Revenons sur les citations de Gerin dans cet article. Il est clair que l’article ne cherche pas à les situer dans le contexte politique auquel est confronté Gerin, ne dit rien du contexte des luttes de classes dans lesquelles un député communiste s’exprime, bref, n’aide pas à voir "qui elles servent", mais se contente de les présenter comme repoussoir pour stigmatiser leur auteur. Alors, regardons avec sérieux et franchise :

Pourquoi Gerin parle-til de la Burqa ?

Je peux dire pour être directement concerné dans mon allée des Minguettes qu’il en parle parce que la question est présente dans le quotidien de nos quartiers. Comment parler à ma voisine que je croise en Burka ? Que dire à un homme qui n’accepte pas de monter avec moi dans l’ascenseur... et sa femme en burqa ? Je ne peux pas croire que les Minguettes soient un cas particulier ! Ce que devrait discuter les communistes interloqués par l’action de Gerin, c’est d’abord de cela. En quoi, où, comment, la burqa interfère dans la capacité d’unité du peuple ? En quoi est-elle ou non la trace d’un travail d’intégristes, d’une extrême droite musulmane qui vise à la division du monde du travail ? Et là, pas facile de balayer la question d’un revers de main.. un peu comme le faisaient certains considérant en 1990 que le FN ne mordait pas sur le monde ouvrier ! Oui l’intégrisme existe dans le monde du travail et il est un danger politique aussi crucial que le FN dont il est un autre visage.

Pourquoi Gerin va-t-il au meeting du POI sur l’interdiction des licenciements ?

Je n’y suis pas allé, et je partage totalement les méfiances sur cette organisation, mais qui peut dire qu’il a une expérience réussie de rassemblement populaire puissant sur cette question des licenciements qui est à l’évidence au cœur des luttes de classes ? Qui peut dire qu’à ce meeting il n’y avait pas de forces sociales ? Qui a pris le temps de s’interroger, non sur un principe en soi de refuser tout contact avec des trotskystes, mais sur l’utilité ou non de sa présence à ce meeting dans la réalité des forces sociales ?

Pourquoi Gerin ne parle-t-il pas le langage communiste politiquement correct ? Pourquoi intervient-il si fréquemment sur les questions de l’immigration, de l’insécurité, de l’intégrisme ? Pourquoi reprendre cette citation de Chirac sur les odeurs ?

Là encore, qui peut prétendre que ces questions ne sont présentes dans les têtes que parce que la droite les y a mis ? Qui peut nier la réalité de la ségrégation d’origine qui structure tant de zones urbaines, qu’on dit ensuite "sensibles" ? Qui peut considérer que les communistes peuvent unir les quartiers populaires en se taisant sur les voitures brulées, le vandalisme, le communautarisme ? La question de la propreté est par exemple une vraie question politique, qui touche à la dignité humaine, à la capacité à vivre ensemble. Quand dans une tour, on ne sait plus empêcher l’urine dans l’ascenseur ou dans l’allée, pas la peine de chercher à rassembler les locataires en faisant "comme si" ! Dans toute l’expérience militante des communistes des Minguettes, il faut à la fois porter des batailles de classes (contre les expulsions, pour la Secu...) et mener un travail de fourmi pour valoriser les habitants qui relèvent la tête et refuse la loi de la jungle !

Dans toutes les déclarations de Gerin, tout n’est évidemment pas réussi, mais son rôle dans les luttes, son poids politique dans le monde du travail, devrait appeler tous les communistes à un débat réel sur son travail, et donc sur le rôle qu’il doit jouer comme député communiste, symbole des députés communistes engagés pour "faire vivre et renforcer le PCF"

Ce serait nettement plus utile que de lister ainsi des jugements qui n’aident en rien à comprendre l’action d’un député, dans un article tiraillé entre les accusations d’être trop proche de Sarkozy et trop proche des trostkystes du POI !

L’unité des communistes ne peut se construire en théorie, mais dans la pratique solidaire de ceux qui luttent. Elle suppose une grande responsabilité politique pour se parler en toute franchise et en toute fraternité.

 

Source: http://pcf.venissieux.org/spip.php?page=article&id_article=844

 

 

 

 

 

« Identité nationale », Burqa,… : où va André Gerin ? Notre total désaccord avec ses positions.

 

 

André Gerin fait partie de ceux qui revendiquent leur liberté de parole et leur positionnement personnels. Nous n’avons nulle intention de le contredire sur ce point.

Mais son étiquette de député du PCF est systématiquement mise en avant par les media notamment sur des questions qui polluent actuellement le débat politique comme la Burqa ou « l’identité nationale ». Par ailleurs, dans les débats internes au parti, il s’est trouvé signer des textes que nous avons portés de notre côté.

 

Aussi, dans la période, nous tenons à ne laisser aucune ambiguïté sur nos désaccords profonds avec plusieurs positions qu’André Gerin diffuse, comme c’est son bon droit.

 

 

Ne pas rentrer dans le jeu des diversions malsaines, burqa, identité nationale, immigration, utilisées par le pouvoir pour faire passer sa politique de casse sociale.

 

Toutes les craintes que nous avions exprimées lors du déclenchement du débat sur la Burqa initié par André Gerin, en juin 2009, se confirment (voir notre article du 25 juin 2009).

 

D’un problème marginal, sans rapport avec les préoccupations essentielles des travailleurs, (ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas grave pour les victimes), le pouvoir a réussi à faire une diversion omniprésente. La publicité médiatique a dopé le prosélytisme et davantage de femmes sont concernées.

 

D’un phénomène sectaire qui faisait la quasi-unanimité contre lui, il a réussi à faire une question divisant le monde politique et la société et plaçant effectivement l’immigration originaire des pays où la religion musulmane est dominante au cœur de la polémique sur une éventuelle loi spéciale.

 

Le débat sur la Burqa enfonce aussi un nouveau coin dans la laïcité républicaine quoiqu’affirment ses instigateurs.

Des dignitaires religieux sont devenus consultants de la mission parlementaire présidée par André Gerin, y compris le mielleux prédicateur islamiste Tariq Ramadan. A l’opposé des principes de laïcité, la mission retient comme critère la conformité ou non de la Burqa avec les préceptes religieux. Pour la Burqa, c’est non, mais quel précédent d’intrusion des religieux dans les affaires de la République ! André Gerin va même jusqu’à affirmer (Figaro du 26 novembre 2009) que « tout dispositif législatif devra être accepté par les responsables du culte musulman qui prônent un islam apaisé ».

 

Enfin, comme nous le dénoncions, l’irruption de la question de la Burqa rentre précisément dans le jeu de Nicolas Sarkozy et de l’UMP.

Le Président l’a aussitôt intégrée à son discours de juin au Congrès de Versailles. Assez logiquement, André Gerin s’est retrouvé conduit à saluer «  ses propos positifs et pondérés » (journal Lyon-capitale du 23 juin).

 

Le pouvoir a pu embrayer sur la campagne, encore bien plus nocive, sur « l’identité nationale ».

 

Imaginons que l’affaire de la Burqa soit restée celle d’hommes de droite comme le député nationaliste Jacques Myard, auteur de la première proposition de loi, jamais le pouvoir sarkozyste n’aurait pu ainsi la monter en épingle.

Sur « l’identité nationale », comme sur la Burqa, nous avons exprimé notre position : il faut dénoncer et couper court à ces débats malsains pour pouvoir affronter les vrais problèmes et la politique du gouvernement (voir notre article : Dénonçons la manœuvre dangereuse sur « l’identité nationale » destinée à faire faire passer la politique antipopulaire ! )

Peut-être André Gerin s’est-il laissé entraîner dans une affaire dont les prolongements dépassent des intentions initiales visant à défendre la liberté de femmes et la laïcité.

Mais outre que, comme s’était prévisible, le résultat est inverse, nous constatons que son initiative sur la Burqa s’inscrit dans une continuité de positions sur les questions de l’immigration que nous réprouvons complètement.

 

Sur « l’identité nationale », André Gerin accompagne le débat malsain voulu par le gouvernement. A ceux qui redoutent une dérive pétainiste, il répond « qu’ils sont en décalage complet avec les attentes profonde des milieux populaires » (Figaro du 29 octobre 2009). Dans son dernier discours comme maire de Vénissieux, le 16 juin dernier, il fait le même parallèle détestable que le pouvoir entre « identité nationale » et immigration : « face à la mondialisation qui favorise le laisser-faire, le terrorisme – un choc aggravant – détruit la confiance en la civilisation, l’immigration non maîtrisée met en péril le creuset d’intégration civique et met en cause l’identité nationale du peuple français. »

 

Ce n’est pas non plus la première fois que Gerin se laisse utiliser comme caution de gauche au double langage sur la laïcité et l’immigration de certains milieux de droite

L’extrémiste UMP Eric Raoult est devenu maître en la matière. On le retrouve rapporteur de la mission parlementaire sur la Burqa. En 2007, Gerin lui avait demandé de préfacer son livre « Les Ghettos de la république » avant de le dédicacer dans sa mairie du Raincy.

 

ghettos-copie-1.jpg Pour André Gerin, les solutions aux problèmes des banlieues ne seraient ni de gauche, ni de droite. Quand il suit M. Raoult et d’autres, ses recettes ne sont plus des solutions mais elles sont bien de droite, même si l’on peut penser effectivement qu’une certaine droite républicaine ne les préconiserait pas.

 

Ne citons qu’un exemple parmi beaucoup d’autres, plus que déconcertants, du livre, les « Ghettos de la République ».

Page 125, on peut lire : « Prenons le débat sur l’immigration. Droite et gauche ont agi de la même façon depuis trente ans en noyant le poisson ou en évitant de dire la réalité. On a refusé de reconnaître que des différences importantes existaient dans les modes de vie, les cultures et les traditions entre le monde musulman et la culture judéo-chrétienne. Tout le monde s’est tu. Après avoir évoqué dans un discours de 1991 les fameuses "odeurs", Jacques Chirac a dû pratiquement se renier et s’excuser d’avoir usé d’un tel terme. Cela lui a valu une campagne de dénigrement incroyable. Pourtant il n’avait dit que la vérité. Mais nous étions incapables de l’entendre. Moi-même j’ai dû dire à l’époque "il parle comme le Front national" ».

Le propos est encore pire que celui de Chirac lui-même puisqu’il place les « odeurs » juste après les « différences de culture » entre le monde musulman et le monde judéo-chrétien. Raoult, qui a pris la précaution d’écrire une préface sans aspérités, a dû boire du petit lait.

 

Les propos d’André Gerin n’engagent que lui mais on comprend l’émoi de camarades, de sympathisants qui lisent dans les journaux qu’il serait le porte-parole des communistes qui combattent la liquidation du PCF.

En dehors des questions liées à la burqa sur lesquelles on entend et lit principalement André Gerin en ce moment, il s’exprime également sur quantité d’autres sujets, de façon souvent contradictoire. Notre préoccupation n’est pas de retrouver une cohérence dans ses positions mais de nous dégager de propos qui pourraient semer le trouble sur nos propres conceptions.

 

Aucune alliance imaginable avec une partie du capital !

 

De façon récurrente, André Gerin fait l’apologie « du capitalisme des métiers et des savoir faire », allant jusqu’à considérer les « capitaines d’industrie » comme des « alliés », les chambres de commerce et l’UIMM comme des partenaires. Nous sommes totalement en désaccord avec de tels points de vue, erronés et nuisibles pour le mouvement ouvrier.

 

Des camarades de la RATP les ont condamnées telles qu’elles sont apparues dans un article du Nouvel économiste (10 avril 2008). Dans le même article, André Gerin affirme aussi son axe de gestion municipale privilégiant les entreprises privées aux services publics municipaux quand « elles sont moins chères ». Inconcevable !

Dernièrement, le 26 novembre 2009, aux côtés des ministres Lagarde et Estrosi pour les états-généraux de l’industrie, le journal Le Progrès relate qu’il s’est taillé un franc succès devant un parterre de 560 patrons en affirmant qu’il « faut aider le petit capital ». Etc.

 

Nous aurons d’autres occasions d’aller au fond des choses mais toute notre réflexion, qui essaie d’être marxiste, nous amène à ne pas établir de distinction de nature entre le capitalisme financier et le capitalisme industriel, qui sont entièrement solidaires. Il n’y a pas un « bon » capitalisme, qui serait productif (et patriote !). De la même façon, nous voulons pousser la réflexion sur la déconcentration des grandes entreprises et la multiplication de PME (hors artisanat) sous-traitantes, relais de l’exploitation pour le grand capital, bien loin du discours dominant sur la pauvre petite entreprise qu’il faudrait aider à tout prix, auquel André Gerin emboîte le pas.

 

Sur un autre point enfin, nous tenons à bien préciser que les positions d’André Gerin n’engagent que lui-même. Le dimanche 20 mars 2009, il présidait avec Daniel Gluckstein dans sa ville de Vénissieux, le meeting régional du PT-POI (Parti ouvrier indépendant ex- des travailleurs). A l’issue du meeting, il lançait un appel national commun avec cette organisation historiquement anticommuniste, qui tente depuis des années d’égarer les camarades qui réprouvent la ligne d’abandon de la direction du PCF.

 

Dans le PCF, les positions et la stratégie personnelle d’André Gerin n’engagent que lui-même.

 

Dans l’interview au Figaro du 29 octobre 2009, après avoir affirmé sa volonté de s’emparer du débat sur « l’identité nationale », André Gerin indique qu’il « est toujours candidat à la candidature pour prendre la direction du parti ».

 

Six mois avant le début des travaux du 34ème congrès, il avait déjà fait de même et s’était déclaré dès mars 2008 « candidat au poste de Marie-George Buffet ».

Une semaine avant le début de la phase finale du congrès, il se ravisait estimant alors que « Marie-George Buffet devait rester » (Huma du 8 décembre 2008) avant de rechanger d’avis en rejoignant la liste alternative du congrès. 

Entre temps, après s’être opposé à l’idée, il s’était rallié en septembre 2008 à la démarche du texte alternatif de congrès, qui allait devenir « Faire vivre et renforcer le PCF », dont nous avons été l’une des organisations du PCF parties prenantes pour continuer à combattre la stratégie d’effacement des postions communistes et du parti qui les porte.

 

Aujourd’hui, le constat doit s’imposer à ceux qui partageant cette démarche de rassemblement des communistes.

Les stratégies personnelles et les positions incohérentes de certaines « personnalités » sont plus un handicap qu’un atout, malgré l’accès facile que les media leur offrent, même plutôt à cause de celui-ci.

 

Cela, malgré aussi l’exigence apportée au contenu des appels, déclarations communs auxquels ils ajoutent leurs noms.

Sur la base de ces textes, l’action pour « faire vivre et renforcer le PCF » ne peut partir que d’organisations du parti et de militants impliqués dans les luttes sociales et politiques essentielles, en un mot, dans la lutte des classes.

Après le 34ème congrès du PCF, dans une situation de crise persistante du parti, plusieurs avancées importantes ont été réalisées dans ce sens en 2009

De notre côté, nous nous inscrivons pleinement dans le processus de coordination de ces organisations du PCF.


Car plus que jamais, les travailleurs, le pays ont besoin d'un PCF renforcé sur des positions de classe pour construire les convergences de luttes, mener nationalement la bataille pour, sans distinction et sans tomber dans les entreprises de diversion du pouvoir, mettre en échec sa politique au service du capital.


Par PCF - Section Paris 15ème

Source: http://pcf-paris15.over-blog.com/article--identite-nationale-burqa-ou-va-andre-gerin-notre-total-desaccord-avec-ses-positions--42008090-comments.html#c

Leçons politiques des réactions à l’initiative d’André Gerin sur la Burqa
vendredi 31 juillet 2009
par pam


L’initiative prise par le député communiste André Gerin qui a conduit à la création d’une mission parlementaire fait réagir fortement dans un débat qui traverse les structures partisanes. Elle est même critiquée par des communistes dont le responsable international du PCF au conseil national.

Ces réactions révèlent mieux que des débats théoriques en quoi les discours "prêt à porter" qu’ils soient issus du réformisme ou du gauchisme sont des pièges pour un point de vue communiste.

Les critiques peuvent être regroupées en quatre points
- Parler d’un problème de la burqa, ce serait faire de l’islam un problème pour la France, c’est de l’islamophobie... du racisme colonial disent même certains...
- Stigmatiser les femmes avec Burqa, ce serait ne pas respecter leur liberté, certains faisant le parallèle avec les modes médiatiques imposant... la minijupe.
- Le discours sur la burqa servirait de voile... aux luttes de classe, en détournant l’attention du peuple de la profondeur de la crise et les communistes ne devraient pas en parler.
- Cette initiative serait récupérée par la droite et André Gerin servirait, volontairement disent certains, d’émissaire de Sarkozy.

L’islam, le colonialisme et la république...

André Gerin a pris soin dans ses déclarations de ne pas associer la Burqa à l’Islam et au contraire d’appeler les musulmans à se prononcer comme tous sur cette pratique vestimentaire qui n’est en rien un précepte religieux, au contraire du voile islamique. Dounia Bouzar, femme anthropologue du fait religieux et ancienne membre du Conseil Français du Culte Musulman) confirme que « la burqa n’est pas un signe religieux, mais un uniforme qui symbolise une vision du monde où l’on s’auto-exclut, où l’on exclut les autres. On met une barrière infranchissable entre soi et le reste du monde.[...] Refuser la burqa, c’est respecter l’islam, à condition de ne pas relier les deux ! » et Dalil BOUBAKEUR, recteur de la Mosquée de Paris soutient la démarche des députés français, demandant, « que la commission soit un moyen de dialoguer avec les responsables de l’islam »

Or, pour accuser Gerin d’islamophobie, ce sont justement ses détracteurs qui font le raccourci "burqa-islam". En associant ainsi l’islam avec une pratique qui trouve son origine pré-islamique dans des pays symboles des guerres de Bush, ils révèlent clairement leur choix de se situer dans la "guerre des civilisations" voulues par les intégrismes de tout bord. C’est toute la rhétorique du mouvement des indigènes de la république qui se retrouve dans la globalisation de la question de la burqa en symbole de l’immigration, du racisme, de la colonisation. Au lieu d’unir toutes les victimes du capitalisme, il s’agit pour ce mouvement au nom symbolique d’appuyer sur ce qui divise le peuple pour enfermer les immigrés dans une communauté d’origine ou de religion, et pour cela dénoncer toute lutte capable de rassembler français et immigrés quelque soient leurs religions.

Le blog "le monde en question" insistant pour associer burqa et religion considère que « puisque le camp laïque n’a pu empêcher le financement public de l’école catholique, ni résister à la casse du service public de l’éducation, sa bataille contre la burqa n’est qu’une chasse au musulman ! Et puisque le féminisme n’a pu empêcher la racisme contre les femmes étrangères en matière d’emploi, de logement ou de droits sociaux, ses discours sur la libération de la femme sonnent creux... »

Ce discours des indigènes est repris par le courant troskyste du PCF, "la riposte" qui dénonce « la croisade de Gerin » et considère comme un « dérapage nationaliste » la citation du député communiste « Nous sommes fiers d’’être Français et ce défi de civilisation est de se rappeler que la France qui fait notre fierté, c’est la séparation des pouvoirs, la laïcité, l’égalité entre l’homme et la femme, la liberté d’expression et de création. Au bout du bout c’est le respect des fondamentaux de la République. »

Ce que cherche à masquer la Riposte, qui comme tout trotskyste, oppose nation et internationalisme, c’est qu’il y a bien une France anticolonialiste et une France colonialiste, une France versaillaise, et une France de la république, une France pétainiste et une France de la libération. Le royaume anglais, le reich allemand et la république française ont été colonialistes car ces régimes ont été trois formes politiques d’un capitalisme en forte croissance cherchant ses débouchés dans le partage du monde. Sauf que la République Française a hérité d’un rapport de force marqué par la place du peuple dans la révolution de 1789 qui a durablement structuré une France duale, cette France de la cagoule et de Manouchian, de l’OAS et de Henri Alleg.

Oui, Gerin a raison, un point de vue communiste doit se revendiquer de l’héritage républicain et laique, comme de l’héritage communiste et anticononial. Face aux vendéens de toutes origines, il doit mener le combat républicain et laïc comme le combat féministe qui sont des conditions du rassemblement populaire le plus large, indépendamment de l’origine et la religion.

La burqa sépare, oppose, exclue, contrairement à la république une et indivisible dont on voit dans la succession des réformes actuelles que le capitalisme cherche à se défaire, jusqu’à l’existence des communes, symboles et de la révolution française de 1789 et de la première révolution ouvrière en 1871, qui est mise en cause dans la réforme Balladur.

Le féminisme et la libération humaine

Pour certains, il faudrait laisser les femmes choisir, y compris de se déplacer en burqa. Et l’interdiction de la burqa serait une atteinte aux libertés.

Il faut d’abord noter que la mission parlementaire n’a pas pour objet l’interdiction de la burqa, mais un état des lieux pour donner des éléments de connaissance sur la réalité des faits, et rassembler des points de vues représentatifs. Mais quelque soient les mesures qui seront proposées, le fonds est bien de choisir entre une conception de la "liberté" comme le seul droit de chacun à vivre comme il le veut et la conception portée par le tryptique "liberté égalité fraternité" qui relie la liberté à l’enjeu de la libération humaine, de l’égalité, notamment entre hommes et femmes, et de la fraternité sans laquelle la liberté n’est que la loi de la jungle !

Car qui est libre, y compris de sa tenue vestimentaire, dans une société d’exploitation et d’aliénation ? L’esclave qui soutenait l’esclavage en considérant que son maitre le protégeait des violences sociales était-il libre ? Faut-il accepter l’excision, l’oppression, l’esclavage et toute aliénation quand ils sont "choisis" par leurs victimes ? Tout syndicaliste sait qu’un salarié qui a renoncé, même volontairement a un de ses droits, peut encore revendiquer ce même droit aux prud’hommes, car on ne peut, même « librement », renoncer à ses droits ! Ceux qui portent une conception libérale, réactionnaire, de la liberté ne peuvent se revendiquer du communisme !

L’origine anglaise de la Riposte, courant troskyste du PCF, se ressent dans cette conception anglosaxonne d’une liberté formelle, qui réduit le féminisme à une mode sans contenu libérateur. « Les « féministes » qui défilent, dans les médias, pour exiger l’interdiction du port de ce vêtement, semblent oublier que le leitmotiv de combats dits « féministes » était que les femmes devaient pouvoir choisir comment vivre leur vie. Elles devaient avoir accès aux moyens de contraception si elles le souhaitaient, faire des enfants si elles le souhaitaient, avorter si elles le souhaitaient. Par exemple, quelle attitude faudrait-il adopter à l’égard d’un homme qui imposerait à sa partenaire le port de tenues « sexy », de mini-jupes etc., ou qui, au contraire, lui interdirait d’en porter ? »

Ainsi, avortement, contraception sont réduit au statut de mode vestimentaire, ce qui facilite certes la comparaison avec la burka, mais en en faisant disparaitre totalement l’enjeu principal du combat féministe, celui de la libération des femmes, de la désaliénation des hommes et des femmes, qui est tout sauf une mode mais, au contraire, un combat pour se dégager des oppressions séculaires héritées de sociétés hiérarchisées et communautarisées précapitalistes, comme des oppressions plus "modernes" des médias, du "temps de cerveau socialement disponible" et des corps marchandisés.

Un voile sur les luttes de classes ?

La montée en épingle de « l’affaire de la burqa » serait une diversion malsaine pour masquer la profondeur de la crise. On peut noter que si l’immigration a effectivement été utilisée au plan politique par les gouvernements Mitterrand, prenant le risque de la montée de Le Pen pour masquer l’abandon de tout programme de gauche au profit de l’alignement sur les réformes « structurelles », c’est à dire antisociales, du capitalisme, Sarkozy a effectivement recyclé l’électorat de Le Pen, mais en déplaçant fortement le « masque » vers les sans-papiers, les sans-droits, criminalisant la pauvreté et affichant au contraire sa capacité à organiser et intégrer la bourgeoisie immigrée dans une France massivement précarisée où tous les coups sont permis. Une analyse de classe est indispensable pour ne pas prolonger la diversion... Les symboles de la « diversité » au gouvernement illustrent un effort réel de la droite pour s’organiser dans les milieux populaires. Quand les médias évoquent Villiers le Bel, les professions de ceux qui témoignent « au nom des quartiers » sont éclairants : chefs d’entreprises, commerçants, indépendants, tous les « grands frères » sont très intégrés socialement ! Les habitants des quartiers ne peuvent pas parler par eux-mêmes ?

Prenons la question concrètement, à partir de ce que tout militant peut vérifier dans la pratique. Qu’est ce qui freine ou accélère l’union du peuple de France, dans sa diversité ? La burqa est-elle un atout ou un frein pour un rassemblement large dans les quartiers populaires ? Poser la question, c’est y répondre. Les groupes qui veulent reproduire des modes de vies de communautés fermées, les organisations intégristes qui diffusent une propagande anti-républicaine et souvent fascisante, seront toujours et partout opposés à tout rassemblement sur un contenu de classe ! Quand des parents d’élèves se rencontrent pour préparer une manifestation contre une fermeture de classes, croyants ou non, voilés ou non, en pantalon ou en djellaba, ils peuvent se parler, se mettre d’accord, s’organiser ! Mais tout le monde voit bien que la burqa marque une volonté forte de s’isoler de tout rassemblement, enferme la femme dans une minorité sociale qui la sépare de sa classe alors que dans les quartiers, ce sont bien souvent les femmes qui organisent la résistance ! Laisser les courants intégristes organiser dans les quartiers populaires des familles qui sont « en dehors » de toute union possible du peuple, c’est cela, une excellente aubaine pour le gouvernement !

Oui, la bataille idéologique est essentielle et le pouvoir cherche en permanence des masques, des diversions pour freiner la prise de conscience des responsabilités écrasantes de la bourgeoisie, mais répondre par une bataille idéologique déconnectée des conditions concrètes des luttes est une illusion pour un point de vue communiste. Ne pas aborder ce qui freine la solidarité, ce qui gêne le rassemblement, ce qui rend les voisins, les amis, hésitants pour aller au porte à porte, pour motiver et donner confiance, c’est cela une aubaine pour la bourgeoisie ! Bien sûr, la burqa n’est qu’un élément, évidemment pas dominant dans ces conditions du rassemblement, mais il est symbolique dans les réactions qu’il suscite et montre a quel point les questions du quotidien, la propreté, la tranquillité, la solidarité sont des sujets vitaux pour un point de vue communiste, pour l’union du peuple de France.

Une aubaine pour la droite ?

La création de mission d’information parlementaire est un droit accordé par la réforme de 2002 du règlement de l’assemblée nationale, demandé par tous les groupes politiques y compris le groupe qui s’appelait encore groupe communiste et républicain, ce qui faisait dire à Daniel Paul, député du Havre, « Cette proposition de résolution a la particularité d’être cosignée par tous les présidents de groupe [...]. Les députés communistes sont d’autant plus sensibles à cette démarche qu’ils n’ont cessé, depuis de nombreuses années, de dénoncer le grave déséquilibre qui existe dans nos institutions entre le législatif et l’exécutif au détriment, en particulier, de l’Assemblée élue au suffrage universel direct. » Le député communiste relevait un point important pour l’opposition « Le texte prévoit également de réserver la présidence ou la fonction de rapporteur d’une commission d’enquête au groupe qui est à l’origine de sa création ».

Cette petite avancée du travail législatif ne représentait certes pour le gouvernement qu’une concession bien minime face à la préparation des réformes constitutionnelles qui renforcerait finalement la présidentialisation du régime. Mais c’était bien une concession à l’opposition qui s’est traduite par plusieurs missions toujours présidées par un député de gauche et dont le rapporteur était de la majorité. Dans cet esprit, Michel Vaxès (PCF) a été vice-président de la Mission d’information sur la révision des lois bioéthiques, Maxime Gremetz (PCF) vice-président de la Mission d’information sur les questions mémorielles, Marie-George Buffet (PCF) Vice-présidente de la Mission d’évaluation de la politique de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, sans compter Jacqueline Fraysse, André Chassaigne, ou Jacques Brunhes, secrétaires de différentes missions.

Le fait qu’André Gerin préside la mission dont il a demandé la création n’a donc rien d’original et ne représente aucun soutien au gouvernement. La mission ne fait que publier des documents et remettre un rapport qui sera débattu à l’assemblée. Elle n’a pas l’initiative de la loi ! Sauf à refuser tout travail parlementaire, on ne peut donc reprocher, par principe à un député communiste d’utiliser tous les moyens possibles pour peser sur un débat.

Reste que ce sujet serait selon certains une aubaine pour la droite, une faute dans le combat gauche-droite, qui rendrait service à Sarkozy. Mais peut-on rendre visible au peuple la réalité des forces politiques et leurs rôles, simplement en les classant dans l’opposition politicienne gauche-droite dont l’alternance répétée a démontrée son incapacité à « changer la vie » ? Faut-il refuser tout contact avec la droite et accepter tout dialogue avec la gauche, comme si la gauche gouvernementale n’avait pas été tout autant colonialiste ou capitaliste que la droite ? Faut-il dénoncer toute mesure d’un gouvernement de droite et soutenir toute celle d’un gouvernement de gauche ? Tout les militants savent à quel point les déclarations socialistes qui dénoncent une réforme quand elle est menée par la droite pour la justifier quand ce sont eux qui la dirigent sont démobilisantes ! Qui dans le peuple croit un seul instant que la gauche à une réponse nouvelle au chômage, à la pauvreté, à la violence ? La résistance, tout comme le Front populaire ou les combats anticolonialiste ont montré que ce qui devait guider les communistes, ce n’est pas un combat politicien gauche droite, mais bien un combat de rassemblement populaire, capable d’alliances concrètes avec toutes les composantes non impérialistes du peuple, y compris une part de la bourgeoisie dans le cadre de la recherche d’un rapport de force favorable aux travailleurs.

Il est frappant de lire la Riposte dénonçant l’initiative de Gerin reprise par la droite quelques jours après l’élection de Henin-Baumont ou un de ses dirigeants soutenait une liste « gauche-modem » avec la droite pour faire barrage au FN, après avoir aggravé la confusion politique locale en restant dans l’ombre des soutiens de l’ancien maire PS corrompu ! Décidément, les communistes doivent se dégager de cette conception électoraliste et politicienne de l’action et du rassemblement, parler en vérité avec les forces sociales qui souffrent, affronter ce qui divise franchement pour sortir par le haut des contradictions qui freinent la solidarité, pour construire l’union du peuple de France.

Derrière l’attaque contre André Gerin, l’anticommunisme !

Les anticommunistes ne s’y trompent pas... Au delà de la question de la burqa et des enjeux sur les conditions de l’unité la plus large dans les quartiers populaires et le monde du travail, c’est le député communiste rebelle qui est visé, engagé publiquement contre l’orientation réformiste de la direction du PCF, n’ayant pas hésité à bousculer la recomposition politique gauche-droite en quittant la vice-présidence de l’agglomération lyonnaise, ayant mené sans retenue la bataille pour faire revenir deux jeunes Vénissians de Guantanamo, contre justement cette guerre des civilisations dont ce camp était le symbole. En le présentant comme illégitime comme communiste, il s’agit d’attaquer un des points d’appui de la reconstruction d’un parti communiste, un des symboles du réseau « Faire vivre et renforcer le PCF »

Robert Ménard, le dirigeant de Reporter sans Frontière adepte des causes "pro CIA", notamment en Chine et toujours silencieux pour les journalistes tués ou surveillés par la même CIA, ne se trompe pas de camp. « Interdire la Burqa ? C’est de la folie" la France deviendrait-elle islamophobe ? »

Le blog "le monde en question" en rajoute en comparant l’initiative de Gerin sur la Burqa à « l’intervention des "nervis de la CGT" délogeant les travailleurs sans-papiers de la bourse du travail... » , le lien étant « le racisme colonial qui gangrène la société française. ».. Il suffit pourtant de lire le témoignage de l’anthropologue Emmanuel Terray, animateur du collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable » qui souligne les manipulations qui sont à l’origine de cette occupation prolongée de locaux de la CGT, en même temps que l’importance de l’engagement résolu de la CGT dans le soutien aux luttes de sans-papiers…

La droite Vénissiane ne s’y trompe pas non plus qui saute sur l’occasion en citant le monde sur son blog « le propos [de M. Gerin] est volontairement outrancier, la rhétorique populiste et les glissements, jugés "sécuritaires par ses "camarades", sont fréquents », pour commenter « pourtant, en tant que maire de Vénissieux, M. Gerin a une pratique plus conciliante. Dés le début des années 1990, il a fait des associations musulmanes des Minguettes ses interlocuteurs privilégiés, y compris les plus raides. Depuis vingt ans [...] les salles de prière clandestines se sont multipliées et le radicalisme musulman des salafistes avec. »

L’objectif de la Riposte est sans équivoque, isoler André Gerin et ce qu’il représente dans le PCF « Il faut faire entendre notre voix pour que tous les travailleurs comprennent que les idées nationalistes d’André Gerin n’engagent que lui. Nous devons clairement nous dissocier de la démarche d’André Gerin et demander à la direction du parti qu’elle fasse de même. »

Pour ceux qui ne connaissaient pas bien la Riposte, il suffit de comparer leur texte avec celui des courants trotskystes internationaux comme le Word Socialist Web Site qui publie en Français un article titré « la campagne raciste contre la burqa est une atteinte aux droits démocratiques ». Cet article en rajoute dans les charges contre le « stalinien » Gerin.. c’est « un admirateur de Fidel Castro ». Pour un trotskyste, c’est une condamnation sans appel !

Et leur démarche est déjà entendue par la direction qui a présenté au conseil national une note qui ne dit rien de la démarche du député communiste, tout en dénonçant la création d’une mission parlementaire considérant qu’« elle nourrit l’incompréhension de 5 millions de musulmans »... En une seule phrase, tout est dit : amalgame entre burqa et islam comme entre intégrisme sectaire avec la masse des musulmans... Pour l’auteur, même « les critiques féministes, laïque, ou du refus du salafisme comportent aussi de vrais dangers » ! C’est le responsable des relations internationales, Jacques Fath qui révèle ainsi sa totale soumission aux idées dominantes. Il reconnaît que « le voile intégral est une atteinte à la liberté des femmes », mais comme « le lien avec le droit international n’est pas si simple à établir », il ne faut pas prendre le risque d’être relevé comme une provocation « Prendre de front le voile, c’est alimenter cette fracture, cette tension ». Et un nouvel amalgame entre burqa et voile ! La direction du PCF a le même courage pour affronter les conditions réelles de la lutte des classes que pour affronter le débat entre communistes. Faisant silence sur la place prise par un député communiste qui dérange le ronron de la gauche bienpensante, mais tentant de propager les arguments de ceux qui l’attaquent... Décidément, il est temps que les communistes affirment leur autonomie pour faire vivre et renforcer le PCF !

 

Source: http://pcf.venissieux.org/Lecons-politiques-des-reactions-a

Publié dans Tribune Libre

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C
<br /> bonjour, ce message pour affirmer mon entier soutien à andré Gérin. j'ai 52 ans, je vis dans un "quartier" du sud de la france (22000 habitants, 22000 cas sociaux, + de 80% de la population est<br /> issue de l'immigration.<br /> je suis indignée et à la fois très triste de la réaction du pcf concernant la burqa (les banlieues en général) et les propos qu'ils tiennent face AU COURAGE DE M. GERIN de dénoncer l'extrémisme<br /> qui, tanquillement s'installe dans notre société. les communistes sont restés sectaires, intolérants et pire, ce sont eux qui font le jeu de la droite. interdire le port de la burqa en france,<br /> c'est précisément permettre aux mulsmans modérés de ne pas etre stigmatisés, c'est refuser de réduire LA FEMME A RIEN etc... faudrait-il que le pcf viennent parler aux habitants des quartiers, dans<br /> lesquels ON NE LES VOIT JAMAIS, JAMAIS.<br /> IL EST IMPERATIF DE METTRE EN PLACE UNE VRAIE MIXITE SOCIALE, IL FAUT CASSER LES GHETTOS, IL FAUT QUE LES POLITIQUES VIENNENT DANS LES QUARTIERS ET ENTENDRE CEUX QUI SAVENT : LES HABITANTS.<br /> pour moi, nous sommes un fond de commerce. nous n'existons que lors des campagnes électorales, après, on redevient des parias de la société. <br /> je suis une femme de gauche, laique et JE SOUTIENS M. GERIN (beaucoup, beaucoup d'autres femmes de mon quartier également) pour LE RESPECT DE TOUTES LES FEMMES DU MONDE, CONTRE TOUTES FORMES<br /> D'INTEGRISMES, POUR QUE CHAQUE CITOYEN DE FRANCE PUISSE PRATIQUER SA RELIGION DANS LA DIGNITE. <br /> <br />  <br /> <br /> <br />
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