30 ans après la guerre, la Chine et le Vietnam jouent la coopération

Publié le

le 17/2/2009 à 11h02  par François Bougon (AFP)


Trente ans après s'être affrontés, Pékin et Hanoï jouent la carte de la collaboration, même si une certaine méfiance persiste envers l'"Empire" chinois dont la présence en Asie du Sud-est s'est considérablement renforcée.

 

En Chine, la guerre de 1979 n'est plus guère évoquée. Pour Chin-Hao Huang, chercheur à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), ce relatif silence s'explique par "l'interdépendance croissante et le pragmatisme dans les relations bilatérales aujourd'hui". "Les deux parties souhaitent mettre de côté leurs querelles historiques et travailler ensemble pour notamment accroître les relations commerciales, d'affaires et économiques, contrôler et combattre des épidémies de maladies comme la grippe aviaire, réprimer le trafic de drogue", souligne M. Huang.

Des litiges persistent, en Mer de Chine du Sud, où Pékin et Hanoï se disputent la souveraineté des archipels des Spratleys et des Paracels. "Le Parlement chinois a voté la souveraineté chinoise sur 80% des eaux de cette mer. Pékin propose seulement une exploitation conjointe des ressources", relève Jean-Claude Pomonti, journaliste et auteur d'"Asie du Sud-Est 2009, l'année de toutes les incertitudes". "La méfiance des Vietnamiens à l'égard de la Chine reste entière, mais ils n'ont pas le choix", ajoute-t-il.

Cependant, l'option militaire semble désormais exclue. "Le fait que la Chine ait signé un code de conduite dans le mer de Chine du Sud avec le Vietnam et d'autres Etats membres de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) est un pas important dans la bonne direction pour résoudre le conflit par des moyens non militaires", explique M. Huang du SIPRI. Car l'heure n'est plus à la guerre froide, à l'affrontement des géants américain, soviétique et chinois sur la péninsule indochinoise au nom de l'idéologie.

Si les Américains jouent toujours un rôle important, la Chine prend de plus en plus ses marques dans la région. Investissements, exploitation de ressources naturelles, construction de ports et commerce... le géant asiatique a largement placé ses pions dans le sud-est asiatique. Le Vietnam accuse un déficit commercial massif avec la Chine: 15,6 milliards de dollars (12,1 mds EUR) d'importations en 2008 sur des échanges d'un total de 20,1 mds USD.

Dans le nord-ouest du Laos, la culture du caoutchouc, destiné à terme au marché chinois, prolifère. Les hévéas recouvrent des collines entières de la province de Luang Nam Tha. Une autoroute flambant neuve, certainement l'une des meilleures du pays, taillée pour accueillir un intense trafic de camions de marchandises, traverse la région pour assurer une liaison rapide entre la Chine et le nord de la Thaïlande, avec Bangkok en ligne de mire.

La Chine est aussi l'un des principaux investisseurs en Birmanie, notamment dans les ressources naturelles telles le gaz, et y trouve un précieux accès à l'océan Indien. Elle a aussi beaucoup accru sa présence économique et commerciale au Cambodge.

Preuve de cet engagement croissant, en décembre, Pékin a nommé pour la première fois un ambassadeur auprès de l'Asean. "Le renforcement de la Chine en particulier dans le domaine économique est une opportunité pour l'Asean d'accéder à un marché. Ici, ce n'est pas tant une question traditionnelle d'équilibre de pouvoir, mais plutôt une occasion de traiter avec des grandes puissances comme groupe afin de disposer de plus d'influence", souligne Rodolfo C. Severino, chercheur à l'Institut des études de l'Asie du Sud-Est à Singapour et ancien secrétaire général de l'Asean.

Cependant, malgré cette bonne volonté affichée par la Chine, "de nombreux pays dans la région nourrissent toujours des inquiétudes face aux intérêts à long-terme et aux ambitions de la Chine, en particulier en raison de ses capacités militaires grandissantes", dit Chin-Hao Huang. "La plupart des pays d'Asie du Sud-est préfèrent voir une présence forte et continue des Etats-Unis et du Japon pour maintenir un équilibre dans la région", assure-t-il.


Source: http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine--ans-apres-la-guerre-la-chine-et-le-vietnam-jouent-la-cooperation-10481.asp?1=1&IdBloc=1&Commentaires=1#Commentaires

Publié dans Asie

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