Les législatives en Corée du Nord pourraient fournir des pistes sur la succession à Pyongyang

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(note du webmaster: article de la presse-médias traditionnelle, à prendre avec toutes les précautions d'usage et le recul nécessaire vu la propagande anti communiste concernant la RPDC)


SEOUL — La Corée du Nord se rend aux urnes dimanche pour élire la 12e Assemblée populaire suprême, un scrutin très convenu mais également très attendu: à l'heure où la santé de Kim Jong Il suscite inquiétude et rumeurs, il pourrait en effet fournir quelques pistes sur l'évolution future du très secret régime de Pyongyang.

On y attend notamment de voir si un certain Kim Jong Un, 26 ans et fils de son père, sera élu. Ce serait un début de confirmation que le jeune homme est dans les starting-blocs pour lui succéder à la tête de cette dynastie communiste isolée du monde.

"Cela serait la première étape pour que Kim Jong Un hérite le pouvoir de son père", estime Song Young-sun, député sud-coréen spécialiste du Nord. "Il a besoin d'une base pour que la population puisse lui accorder son respect, avant de pouvoir évoluer vers des postes plus importants."

Kim Jong Il avait lui-même pris le relais de son père Kim Il Sung, le "grand leader", fondateur de ce régime communiste dynastique, qu'il dirigea de 1945 à sa mort en 1994.

Les spéculations et rumeurs sur l'avenir du régime le plus fermé de la planète vont bon train depuis l'attaque subie en août dernier par Kim Jong Il, 67 ans.

Les législatives sont une simple formalité dans ce pays de 24 millions d'habitants, où le taux de participation lors du dernier scrutin, en 2003 avait atteint 99,9%. Le vote a lieu tous les cinq ans, avec un seul candidat par siège, désigné par le Parti des Travailleurs au pouvoir. Le scrutin était prévu pour août 2008, plus ou moins à l'époque de l'attaque présumée de Kim. Le scrutin avait alors été reporté, sans explication aucune.

Les 687 députés -leur nombre peut changer d'un scrutin à l'autre-étant également les principaux membres du parti, du gouvernement et de l'armée, la composition de la nouvelle assemblée pourrait fournir des indications sur d'éventuelles réorganisations au sein des instances dirigeantes, soumises à une pression croissante sur le dossier du nucléaire.

Selon Daniel Pinkston, de l'International Crisis Group, ce scrutin n'est "certes ni libre ni équitable, mais nous devrions être en mesure de voir certains changements de position: qui est 'in' et qui est 'out' au sein du parti". Koh Yu-hwan, spécialiste de l'Université Dongguk de Séoul, s'attend lui aussi à voir émerger de "nouvelles élites".

Certes, six mois après, Kim Jong Il est toujours là et a annoncé qu'il se représenterait. Si son fils n'est pas mentionné, l'agence sud-coréenne Yonhap croit savoir qu'il sera candidat -donc élu-dimanche. Tout comme le journal nippon "Mainichi", qui cite un rapport militaire nord-coréen.

D'autant que récemment, les médias nord-coréen multiplient les références à "l'héritage" et aux "liens du sang", semblant préparer la voie à une nouvelle succession dynastique. Autre signe, Ko Yong Hi, feue la compagne du chef de l'Etat et mère de ses deux fils cadets, est désormais qualifiée de "Mère respectée".

Kim Jong Un, le plus jeune des trois fils qu'aurait eus Kim Jong Il, est un quasi-inconnu. Il a étudié en Suisse jusqu'en 1998, sous le nom de Pak Chol, apprenant l'anglais, l'allemand et le français, selon "L'Hebdo", qui cite des anciens camarades de classe et responsables de l'Ecole internationale de Berne. On s'y souvient de lui comme d'un garçon timide et introverti, modeste et amical, skieur averti et basketteur fan de Michael Jordan. Une voiture venait le chercher chaque jour après l'école.

Selon Kenji Fujimoto, qui fut cuisinier chez les Kim, il est le fils préféré, ressemblant au père comme deux gouttes d'eau. Kim Jong Il se moquait en revanche souvent de son deuxième fils Jong Chul, le traitant de "fillette", selon le cuisinier.

Kim Jong Nam, l'aîné, 37 ans, et dauphin présumé pendant des années, aurait lui perdu la faveur de son père après avoir tenté de se rendre au Japon avec un faux passeport dominicain en 2001... Seul le benjamin aurait donc l'étoffe d'un chef et pourrait succéder au père.

Brian Myers, professeur de l'Université Dongseo à Busan, minimise toutes ces spéculations: "nous ne devrions pas faire attention à cette question de succession, ça ne change pas grand-chose. Le principal, c'est l'idéologie qu'ils partagent tous."

Jong Nam, le fils déchu, affirmait en tout cas encore en janvier, à Pékin, qu'aucune décision n'était prise. "Personne ne peut rien dire, seul Père décidera."


Publié dans Asie

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